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Alors que je ne mets (presque) jamais de cravate, il peut sembler étonnant de ma part d'écrire sur la marque Howard's. Mais son histoire, et surtout l'enthousiasme et la passion de Frédéric, font que tout amateur d'élégance ne peut raisonnablement pas passer à côté de l'offre de cette maison dynamique.
Quand Hugo Jacomet (Parisian Gentleman) m'a présenté Frédéric, le fondateur, j'ai été très intrigué par son histoire, car Fred n'était pas du tout destiné à être connu pour ses cravates...
En effet, Frédéric est à la base un passionné d'automobile (je dirais même un passionné tout court).
Il a arrêté l'école à 16 ans, ce qui ne l'a pas empêché de postuler quelques années plus tard chez Ferrari. Au moment de l'entretien d'embauche, il se rend compte qu'il n'arrive pas à trouver la cravate ultime qu'il voudrait porter.
Ses parents le poussent ensuite à se lancer dans l'entrepreneuriat. Toujours frustré de ne pas avoir trouvé la cravate désirée pour son entretien, il est littéralement parti dans les montagnes - près de Côme en Italie - découvrir la technique derrière cet accessoire.
Ce sont d'ailleurs le sens du détail, et la technicité retrouvée dans une cravate, qui lui plaisent beaucoup ; lui rappelant son passé d'ingénieur.
Quand j'ai demandé à Frédéric quels avaient été les facteurs déterminants dans la réussite de son projet, il m'a répondu que c'était son amour et son respect absolu, tant du produit que des savoir-faire derrière.
Il m'a également signalé avoir toujours fait preuve d'une insatiable curiosité, parce qu'il n'hésitait pas à appeler les meilleurs "cravatiers" pour leur poser tout un tas de questions, au culot. Et devinez quoi ? La plupart du temps, il avait des réponses fournies et complètes. Mais l'histoire n'est pas finie...
Il a fallu trouver un nom à sa marque. À l'époque, Frédéric avait à peine 20 ans, et il était fréquent qu'on le prenne pour le fils du propriétaire, alors qu'il travaillait seul dans sa marque. Il fallait donc un nom qui rassure.
C'était l'époque où les noms anglais étaient à la mode : Weston, Wicket, Hartwood ou Hartford, entre autres. Sa marque s'est donc appelée Howard's, alors qu'elle est 100 % française.
Frédéric choisit soigneusement les étoffes qui deviendront de belles cravates.
Très rapidement, il se met à développer ses propres cravates, mais il se sent limité dans le choix des couleurs et des finitions des fabricants. Il a envie de faire un produit qui lui ressemble plus, et il commence à développer ses propres couleurs.
Pour comprendre Howard's, il faut savoir que Frédéric adore avoir du choix : il est du genre à développer 20 coloris et textures, quand d'autres ne proposeront que cinq variations.
Ceci explique la profusion de couleurs quand vous entrez dans la boutique, mais cela a un avantage : il y en aura forcément une pour vous.
Et pourtant, Frédéric commence à se lasser...
Il déplore le manque de nouveauté dans l'univers de la cravate, et songe de plus en plus à trouver une autre activité. Mais avant, il décide de faire une ultime série de cravates, qui lui ressemble totalement, en ne se mettant aucune contrainte en termes de prix ou de finitions.
Quitte à arrêter, autant le faire en s'amusant, d'où les couleurs plus fantaisistes.
La palette de couleurs utilisée par Howard's est particulièrement recherchée.
Pourquoi des cravates Made in France ?
Il explique avant tout ce choix par beaucoup de pragmatisme : il travaille en très étroite collaboration avec des gens expérimentés, très souples sur les commandes, avec des délais très raisonnables, puisqu'il n'a pas besoin d'attendre 3 semaines qu'une production arrive.
Pour lui, travailler avec des Français lui permet d'exprimer avec précision ce qu'il veut vraiment au niveau des détails techniques.
C'est justement cette série qui fut un succès, et qui l'a mis sur le devant de la scène du petit monde de la blogosphère sartoriale, où Hugo de PG est l'un de ses plus grands promoteurs en France, aux côtés de Julien Scavini.
Justement, voyons la particularité de ses cravates.
Moi qui aime les tissus bien texturés, je suis ici servi avec la grenadine de soie. Attention, c'est de la soie tissée, qui est encore différente d'une cravate en tricot de soie (que j'aime beaucoup également). Pour obtenir une texture aussi complexe, la soie est tissée sur de vieux métiers à tisser, car les métiers modernes vont trop vite.
Je me suis donc orienté sur une cravate trois plis doublée, avec une triplure en laine. L'offre d'Howard's est pléthorique, il existe aussi des cravates sept plis non doublées que j'expose plus loin dans cet article.
On voit ici la magnifique texture de la grenadine de soie. Ça change complètement d'une cravate toute raide en soie "lisse" ! Le roulottage à la main, des deux côtés de la pointe, donne cette rondeur si caractéristique que les puristes aiment tant.
Les finitions sont évidemment impeccables, avec de nombreux détails qu'on ne croise que rarement dans cette gamme de prix :
Le bouton est un petit clin d'oeil aux chemises Howard's. Si vous l'ouvrez, vous pouvez voir la triplure.
On voit bien ici le travail sur les plis de la cravate. Vous n'avez évidemment pas un tel travail dans de l'entrée de gamme.
C'est la petite marguerite brodée qui est la signature d'Howard's.
On la retrouve également à l'autre bout de la cravate.
Les points de croix jaunes permettent à la cravate de retrouver sa forme après l'avoir portée. On voit aussi le logo qui représente un golfeur, mais Frédéric reconnaît volontiers qu'il est assez compliqué à décrypter...
On est face à un très beau produit, à un prix accessible à tous, qui n'a pas à rougir de ce que proposent les grandes maisons de luxe. C'est sûrement l'un des meilleurs rapport qualité/prix en cravate dans cette gamme de prix (de 70 € à 160 € pour des modèles 7 plis en cachemire).
D'ailleurs, j'en profite pour vous dire que pour peu que vous portiez un costume dans des tons de gris ou de bleu, avec une chemise blanche ou bleu très pâle, vous n'avez pas vraiment à faire de l'overthink sur la couleur de la cravate, car ce sont des bases de couleur si neutres qu'elles supporteront quasiment toutes les nuances.
Pensez également aux cravates en laine, qui sont une excellente alternative :
Et si vous aimez encore plus les textures, et que vous souhaitez quelque chose de plus brut, mais aussi de plus original, Howard's a récemment sorti des cravates en soie "Shantung", avec ce côté irrégulier très caractéristique.
La soie Shantung a un aspect "cannelé" (Hugo de PG parle aussi d'aspect "griffé"), dû à l'irrégularité des fils de trame utilisés pour le tissage, car ce sont des fils plus bruts. Il en ressort un rendu plus riche, c'est un peu la même philosophie que les matières japonaises qui voient dans l'irrégularité du travail manuel une beauté supérieure car imparfaite (le wabi-sabi).
C'est donc une matière originale, qui donne un certain cachet à une tenue élégante.
Effectivement, entre une cravate à 50 € et une à 100 €, on peut se demander quelles sont les différences, et ce qui justifie le prix.
Il y a évidemment la matière en elle-même. Vous imaginez bien qu'une cravate en grenadine de soie, ou faite d'un coloris spécifiquement développé pour la marque, ne va pas coûter le même prix qu'un banal polyester d'entrée de gamme...
Mais tout l'art d'un cravatier consiste à bien choisir la triplure, qui est un peu la colonne vertébrale de la cravate. C'est ce tissu légèrement rigide que l'on ne voit pas, mais qui donne de la "main" à la cravate.
Une belle cravate a une certaine fluidité dans son tombé, elle tombe et bouge joliment avec son porteur, contrairement à des cravates en polyester qui sont parfois trop rigides.
C'est pour cette raison que les cravates non doublées sont très appréciées par les Italiens, car elles ont une légèreté toute particulière, très... italienne finalement.
Il y a ensuite les fameuses cravates sept plis non doublées, encensées sur les blogs. Elles sont faites d'un seul morceau de soie que l'on va plier... sept fois afin de donner une forme de cravate.
Le résultat est très technique et spectaculaire :
Mais ce genre de produit s'adresse avant tout à des connaisseurs, à des amateurs d'artisanat, et plus globalement de beaux objets, ceux qui sont sensibles à des produits faits main. Car dans les faits, une cravate trois plis est au moins aussi intrinsèquement bonne qu'une cravate sept plis, si l'on se base sur des critères habituels : durée dans le temps, coutures, etc.
C'est pour cette raison qu'il n'y a finalement pas grand sens à nous demander si telle marque fait des cravates de qualité. Ce qu'il faut regarder, c'est plutôt le choix des matériaux (la couleur est-elle travaillée ? est-elle jolie ?), et la technicité du montage.
À vous de voir si vous êtes sensible à ce travail artisanal ou non. Personnellement, ça compte de plus en plus pour moi.
La marque propose aussi des chemises faites en France, entre 105 et 120 €. Les finitions sont très classiques, mais Frédéric m'a montré un prototype extrêmement prometteur, avec de très belles coutures anglaises sur les côtés, et des coutures bien fines.
Je n'ai pas pu en essayer, je sais qu'elles existent en deux coupes (droite et cintrée), mais connaissant la passion que Frédéric met dans ses produits, je suis très confiant quant à la qualité.
D'ailleurs, si vous avez le temps d'en parler avec lui, l'histoire du choix de l'atelier pour ses chemises est rocambolesque, et fut une aventure en soi, tant il a dû se battre contre les difficultés du Made in France (à savoir : ateliers peu enthousiastes, peu ouverts à la nouveautés, conditions d'achats pénibles, et j'en passe).
À tel point qu'il a pensé à délocaliser la fabrication de ses chemises au Maroc, au Portugal ou en Roumanie (à qualité constante), jusqu'à ce qu'il me lâche : "Benoit, finalement, j'ai tout arrêté. Je n'ai pas réussi à délocaliser, car je ne voulais pas les quitter (il parle de son actuel atelier français), pas après toute la relation qu'on avait tissée ensemble".
En effet, l'atelier le connaît très bien à présent, et il bénéficie à présent d'une grande souplesse sur les quantités de commande. Plus que jamais, il est déterminé à développer de nouvelles choses avec lui, notamment les fameuses coutures anglaises !
À l'époque où j'ai rencontré Frédéric, il avait quelques prototypes d'écharpes à me montrer. Son raisonnement était le même que pour la création de ses cravates : quelle nouveauté pouvait-il apporter à cet accessoire ?
Comment injecter la patte d'Howard's ?
Au lieu de s'orienter vers de la laine tricotée comme 99 % des autres écharpes, il a continué à utiliser des tissus précieux et originaux de Vitale Barberis Canonico, en y mettant ses finitions habituelles (à l'instar de ses cravates) : roulottage à la main, marguerite brodée, et travetti qui finit la couture.
Le travetto est le petit amas de fil qu'on voit au bout des coutures en croix sur cette photo (au niveau des coins, sous la fleur).
Pour les plus intéressés, sachez qu'Hugo Jacomet en parle bien mieux que moi dans son dernier article sur Howard's.
Vous comprenez donc bien que nous recommandons chaudement cette marque, surtout si vous devez porter quotidiennement la cravate. Ce sont de très belles pièces, avec une vraie personnalité. Et le genre de cadeau qui a du sens pour un connaisseur.
Notez qu'Howard's possède une unique boutique au 45 rue d'Amsterdam à Paris, où Frédéric vous accueillera personnellement.
C'est quelqu'un de passionné et de très bon conseil, qui sera ravi de vous aiguiller sur les accords chemise/cravate/pochette.
Il y a également un eshop sur le site de la marque, qui peut se révéler très précieux pour un choix de dernière minute pour le Nouvel An.
SOURCE : https://www.bonnegueule.fr/test-les-cravates-howards/