Bonne Gueule x Howard’s : la chemise habillée ultime

13 janvier 2016, 

Ma rencontre avec Howard’s remonte à plus d’un an, lorsque j’avais testé la cravate en grenadine de soie, pièce emblématique de la marque.

J’avais vraiment apprécié Fred car on partageait la même vision du produit, des finitions. Grand amateur de médias du type Parisian Gentleman ou des photos du Pitti, il a parfaitement saisi les nouvelles attentes des hommes en matière de design et de pièces, mais aussi de prix.

Cette compréhension des nouvelles attentes par Fred est d’ailleurs ce qui fait - à mon sens - la grande force de Howard's.

Une obsession du rapport qualité / prix

Pour rappel, Fred s’était déjà illustré sur ses fameuses cravates (à trois ou sept plis), en y ajoutant des finitions bien à lui (marguerite brodée, bouton en nacre).

Il avait ensuite attaqué les écharpes, avec ses modèles en laine Vitale Barberis réversibles (une face en flanelle élégante, l’autre avec un motif plus fantaisiste : pied-de-poule, carreaux ou même camo).

On a donc logiquement fait appel à lui pour nos cravates.

La cravate en grenadine de soie est devenue une pièce phare de la marque. La marguerite brodée est un clin d'oeil à sa grand-mère.

Pour chaque pièce que Fred imagine, que ce soit une écharpe ou une cravate, il se demande toujours :

Qu’est-ce que je peux apporter de nouveau à ce qui se fait déjà ailleurs ? Comment me démarquer par rapport à de nombreuses marques ? Comment en proposer plus pour moins cher ?

Et à chaque fois, j’ai toujours accroché... à tel point que c’est devenu ma boutique préférée pour faire des cadeaux aux copains.

Mais alors, pourquoi avoir fait de nouveau appel à lui ? Pourquoi s'intéresser à ses chemises ?

Notre dernière collaboration avec Howard's : une chemise au col cutaway et en tissu pied-de-poule !

L’évolution de la gamme de chemises Howard’s

J’avais remarqué qu’il avait également une gamme de chemises assez colorées qui me parlait un peu moins, mais que Fred aimait beaucoup car c’est un fervent partisan de la couleur chez l’homme.

Son grand chantier 2015 était de reprendre entièrement cette gamme, pour revenir à plus de sobriété.

Howard's va réduire ses coloris sur les chemises pour se concentrer sur des textures plus originales.

Il a commencé par resserrer sa collection au niveau des teintes. Le blanc et le bleu dominent à présent, mais déclinés dans beaucoup de textures et de motifs. On est sur des chemises bien plus simples à porter, plus élégantes, pour lesquelles la confection reste en France.

Cela dit, Fred se fait parfois plaisir sur des matières plus atypiques, comme de la flanelle de coton imprimée.

Outre les tissus, il s'est penché sur les finitions, toujours dans l'idée d'en proposer le plus possible à un prix raisonnable, même avec du made in France.

Pourquoi une chemise haut de gamme ?

Si on parle beaucoup de « power shoes » ou « power suit », la chemise a tendance à moins être sur le devant de la scène sartoriale.

Il s'agit pourtant d'un vêtement porté à même la peau, et je crois que tout le monde ici a déjà fait l’expérience de ce qu'il se passe quand on enfile sa chemise préférée…

Luca ne peut pas s'empêcher de toucher les cols qui se placent bien. Notez aussi comment la chemise rend avec le premier bouton défait.

Une coupe flatteuse, avec un col qui se tient parfaitement et qui se place comme il faut sous les revers de la veste, sont des petits plaisirs sartoriaux que tout homme aimant l’élégance se doit de connaître un jour !

Et avec cette collab, c’était un peu ça qu’on voulait vous proposer : votre nouvelle chemise préférée.

C'est la chemise pour aller à la conquête du monde ou sur les toits, c'est vous qui choisissez !

Je dirais même qu’on voulait aller plus loin : en étroite collaboration avec Howard’s, on a souhaité concrétiser notre vision de la chemise ultime ; à porter avec un costume ou un blazer, avec ou sans cravate.

Les influences « Pitti / Italie » de Howards sont évidentes, et à force de voir ce col cutaway dans les allées de la Fortezza Di Basso (où se tient le salon), je me suis convaincu de son intérêt - dont bon nombre de superstars du Pitti sont de fervents défenseurs -.

Lino Ieluzzi ne porte que ça, par exemple. C'est d'ailleurs ce qu'on remarque en premier une fois la pièce portée : le col, c'est un peu ce qui "fait" la chemise.

Malheureusement, avec notre Hedi Slimane national dont l’influence se fait toujours sentir plus de dix ans après ses débuts, c’est un type de col très peu présent sur le marché français.

Nous sommes beaucoup plus habitués aux petits cols assez fins, alors que le cutaway présente plusieurs avantages bien utiles.

Car le fait qu'il « revienne » vers arrière lui permet de se placer parfaitement sous le revers. Et comme le dit Luca, "on devient vite accro à ce genre de détails".

Avec son retour en arrière, le cutaway vient se positionner correctement sous la veste, même si vous bougez un peu. Et au passage, vous avez un bon aperçu du rendu de la chemise portée sans cravate.

Il met la cravate en valeur en laissant de la place pour que le noeud puisse s’exprimer
Notamment sur des noeuds bien triangulaires (ceux que je préfère, même si je me chamaille avec Luca à ce sujet), en laissant surtout apparaître le deuxième pan de la cravate façon Pitti level 100.

Faire un col de chemise est une opération délicate, car il faut choisir la bonne épaisseur pour éviter qu'il ne corne dans un sens… ou dans l’autre.

Tout l'enjeu consiste à avoir un design qui sort de l'ordinaire, sans être ostentatoire...

Mais il a fallu 8 essais sur ce col, notamment sur le ratio avant / arrière du pied de col, ou sur l'angle se posant sur la clavicule...

La manière dont les pointes vont en arrière, la hauteur du pied de col... Ce sont des détails très techniques qui influent beaucoup sur l'aspect visuel. Ah, et parce qu'on va me poser la question, Geoffrey porte une veste de costume Husbands.

Les mesures de ce col

En bon technicien, Fred vous donne même les dimensions du col :

Longeur des pointes : 9 cm
Hauteur du col à l'arrière : 3,7 cm
Hauteur du col à l'avant : 3,2 cm


Il y a un petit clin d’oeil à l’univers tailleur, puisque certaines parties du col ne sont pas thermocollées : si la partie visible du col est bien thermocollée afin d’avoir une tenue irréprochable, celle qui est invisible - où on met les baleines - ne l'est pas.

Fred ne souhaitait pas spécialement faire un col entièrement monté en libre, car son entretien et le repassage sont un peu techniques : si vous n’avez pas le bon geste avec votre fer à repasser, le col est tout « ridé ».

Baleines amovibles

Alors que les baleines ne sont habituellement pas amovibles chez Howard's, elles le sont sur cette collaboration.

Un intérieur de col semi-entoilé

L’intérieur du pied de col (la partie du col en contact avec votre cou) est semi-entoilée. C’est plus confortable, et cela permet au col de prendre votre cou avec plus de souplesse.

L’extérieur du pied de col est par contre thermocollé, pour apporter de la tenue et faciliter le passage de la cravate. Là aussi, le choix du bon thermocollage est très important, car il garantit la longévité du col lavage après lavage.

Et pour donner un côté plus raffiné, Fred a voulu une couture à 3 mm du bord du col. C'est un détail qu'il apprécie énormément, si bien qu'il l'a généralisé à toutes ses chemises.

Autre petit détail...


Dernier détail pensé par Howard’s, le bouton du pied de col est plus petit que les autres. Cela le rend plus facile à fermer ; si jamais vous êtes du genre à galérer pour boutonner votre col, sachez que quelqu’un a pensé à vous.

En effet, celui-ci fait 6 mm de diamètre tandis que les autres boutons en font 8.

Pour bien vous montrer sa taille, on a volontairement boutonné le col entièrement, sans cravate (à ne pas refaire chez vous). La différence de taille entre les deux boutons est presque visible sur la photo !

Le détail ultime : les travettos

Et on finit par les travettos sur la patte capucin (l’ouverture de la manche sur votre avant-bras).

À l'origine, le but des travettos était de renforcer cette partie de la patte quand la manche était ouverte pour le repassage.

Voilà le fameux travetto, fait à la main !

S'agissant d'une opération ne pouvant être faite qu’à la main, elle a vite été délaissée aux débuts de l’industrialisation de la confection textile. C’est donc comme ça qu'elle est devenue un détail de puriste et un symbole du « fait-main ».

Pour vous donner une idée, la pose de 420 travettos (deux par chemise) aura nécessité au moins 40 heures de travail, rien que pour ce détail...

On comprend aisément pourquoi les grandes marques l'ont "oublié" dès qu'elles ont pu, le volume horaire serait démesuré sur plusieurs milliers de chemises à assembler...

À l’instar de la boutonnière milanaise, c’est une finition rarissime en prêt-à-porter. Et je pèse mes mots, à moins que vous ayez au minimum 240 euros de budget pour une chemise.

Avec Fred, nous sommes donc extrêmement fiers de vous proposer ce détail dans cette gamme de prix, et nous n’avons pas à rougir face à des marques historiquement réputées pour leurs chemises.

Des finitions très haut de gamme « made in France »

Fred a fait le choix courageux de fabriquer sa chemise en France, dans un bel atelier de Normandie. Cela lui apporte une communication étroite avec les couturières, afin de pousser à fond les détails.

Quand Fred a refondu sa gamme de chemises, il y a plein de finitions sur lesquelles il s'est un peu lâché, que l'on ne trouve habituellement toutes réunies que sur des chemises à plus de 200 euros.

Il y a évidemment les coutures anglaises
Mais elles atteignent ici un sacré degré de finesse et de netteté (3 mm de large ! ).

À aucun moment la couture ne fronce, tout est est très propre. D’ailleurs, à ce niveau-là, la jointure des coutures aux aisselles est parfaitement exécutée.

La couture anglaise est si fine qu'elle est presque invisible !

L'aisselle, où les deux coutures anglaises se joignent parfaitement.

L'hirondelle de renfort en forme de pentagone

Impossible de parler de chemise haut de gamme sans parler de l’hirondelle de renfort en forme de pentagone, dans un twill de coton Thomas Mason, avec deux initiales bien connues brodées dessus.

Pour rappel, elle vise à renforcer la jointure entre l’avant et l’arrière de la chemise.

La petite hirondelle de renfort, avec les initiales de BonneGueule brodées (sur une idée de Fred), en clin d'oeil à l'époque où les chemisiers signaient leurs créations sur un endroit qui ne se voyait pas. À noter qu'une hirondelle en forme de pentagone est plus raffinée, car elle nécessite un travail de découpe bien plus précis qu'une hirondelle triangulaire.

Une finesse de couture incroyable (8 à 9 points au cm)

Petit chiffre technique pour les plus méticuleux d’entre vous : on est entre 8 et 9 points au centimètre, ce qui met cette chemise dans le haut du panier (ou la sort du panier).

Notons également que les coutures du col et des poignets sont très proches du bord, ce qui renforce l’aspect élégant de la chemise.

Les coutures du col et des poignets sont de 8 à 9 points au centimètre, et à trois millimètres du bord !

Des boutons en nacre immaculés

Fred a accordé beaucoup d’attention aux boutons puisqu’il s’agit d’une magnifique nacre Mother of Pearl d’Australie, sans l’ombre d’une imperfection, parfaitement homogène, même à l’arrière du bouton.

C'est une finition coûteuse également : le coût en boutons de polyester est de quelques dizaines de centimes sur une chemise, tandis qu'il est de plusieurs euros sur une pièce avec des boutons en nacre, sans la pose qui plus est.

À noter qu’ils sont de forme légèrement concave au centre pour protéger leur montage des frottements de la vie quotidienne ou du tambour de votre machine à laver. Ainsi, si vous regardez le bouton de profil, vous ne verrez pas les fils puisqu'ils sont protégés par le relief.

À ce propos, ils sont cousus en Zampa Di Gallina, une finition bien connue si vous suivez BonneGueule depuis un petit bout de temps. Le rendu a l’avantage d’être aussi résistant que sur une couture en croix, mais avec un petit twist esthétique supplémentaire. 

Cela paraît tout simple dit comme ça, mais c'est le genre de détails que les ateliers français ne font pas du tout (ou ne veulent pas spécialement faire), et Fred a dû insister pendant... trois ans pour être satisfait du résultat.

Autres features que vous devez connaître, les boutons sont sur queue ( = ils sont légèrement surélevés afin de faciliter le boutonnage). Là aussi, l'opération est entièrement faite à la main, sans machine.

On aperçoit ici le pied du bouton (aussi appelé queue de bouton) qui le surélève légèrement, facilitant alors le boutonnage. Le petit point rouge correspond au fil utilisé pour coudre le dernier bouton. Aux plus anxieux d'entre vous, rassurez-vous, ce point de couture rouge concerne UNIQUEMENT le; dernier bouton, celui qui est caché dans votre pantalon. Au moins, il met bien en évidence le pied du bouton

Ah oui, la dernière boutonnière est, en plus d'être rouge, horizontale ! On n’a rien laissé au hasard.

Une coupe ajustée

Concernant la coupe de la chemise, ce fut un énorme chantier (le dernier patronnage date de juin 2015, il est donc tout récent), tant Fred a été maniaque au niveau des coupes.

Son bureau de modélisme a même failli jeter l’éponge face à ses exigences très pointues, au millimètre près ! Et comme il le dit très justement, « c’est difficile de faire bouger les choses sur des valeurs aussi petites ».

À côté de ça, il ne manquait pas de faire essayer des prototypes à ses clients qui passaient en magasin, « pour faire avancer la science ». Il leur signalait parfois que c’était un proto, parfois non afin d’observer leurs réactions. Et il notait tout.

Par exemple, il a particulièrement soigné les petites tailles en affinant les manches au niveau de l’emmanchure et des biceps. Et comme toujours, il a « field testé » son nouveau patronnage auprès de ses clients. Le succès fut immédiat, à tel point que c’est devenu son patronnage de base.

Nous avons repris la coupe dite "slim" de Howard's, car nous en étions très satisfaits !

C’est une chemise destinée à être portée dans le pantalon, elle a donc une longueur suffisante pour ne pas en sortir quand vous bougez ou vous asseyez.

Enfin, le tour du poignet n'a pas été choisi au hasard : Fred a mesuré celui de beaucoup de ses client (17,5 cm en moyenne ! ), voulant un compromis entre poignet ajusté et aisance pour le port de la montre.

On a donc : exigences très pointues avec le bureau de modélisme + nombre conséquent d’essayages sur sa clientèle = coupe très travaillée.

Pour ce qui est de comment choisir sa taille, le sizing est encore une fois très classique. En cas de doute, n'hésitez pas à vous référer à ce guide des tailles.

Un tissu pied-de-poule de Thomas Mason

Il change un peu de nos tissus habituels, avec l'incursion d'un petit motif pied-de-poule. De loin, on a l'impression que c'est une chemise bleue, mais de près, le motif se révèle.

Le motif pied de poule qui prend joliment la lumière !

C'est un twill de coton 100 / 2, juste milieu entre finesse et facilité de repassage. Étant donné son tissage "en diagonal", le twill froisse moins qu'une popeline.

Enfin, compte-tenu de la dominance de bleu clair, il n'y a pas de difficultés à porter la chemise avec un costume bleu ou gris. Le soyeux de la matière la rendra particulièrement élégante assortie à une cravate texturée, pour faire un joli constraste.

Comment porter une chemise à col cutaway ?

Vous connaissez maintenant bien le motif pied-de-poule, et toute la nuance qu'il peut subtilement apporter à une tenue. Ici, l'effet de nuance est renforcé par le col cutaway : plus rare, il apporte facilement une touche d'originalité supplémentaire.

De manière intuitive, on retrouve d'abord la chemise dans un look très formel : tout en convoyant un certain raffinement, elle se prête tout à fait à un contexte professionnel. À l'instar de Florian, choisissez des nuances bien distinctes si votre tenue s'appuie sur une seule couleur, pour éviter un rendu trop uniforme. Dans le même esprit, variez les textures, et jouez sur les accessoires dans la mesure permise par votre environnement. (Costume bleu chiné BonneGueule, derby Septième Largeur, cravate Boggi)

Le pied-de-poule de la chemise restant discret, vous pouvez vous permettre de la porter avec un costume à motifs (évitez tout de même le "total look pied-de-poule", personne ne veut être pris pour une illusion d'optique). Le beau cintrage de la veste est principalement dû à la qualité de l'entoilage. (Costume Husbands)

Les deux motifs se marient joliment, l'ensemble est harmonieux. De manière plus globale, retenez qu'un assemblage de motifs fonctionne s'ils sont de couleurs, de formes et de tailles différentes.

Col cutaway, costume croisé à larges revers, cravate prête à s'envoler... sans surprise, Luca s'inscrit clairement dans le style italien ! Notez le twist de la pochette blanche à liseré bleu, qui rappelle sobrement la chemise.

SOURCE : https://www.bonnegueule.fr/bonnegueule-x-howards-la-chemise-habillee-ultime/ 


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