Variations en trois stratégies et douze cravates pour un entretien d’embauche

On le sait bien : on n’a qu’une occasion de faire une bonne première impression.

Or, l’entretien d’embauche est par excellence le moment où l’impression que l’on produit est décisive, capitale, catégorique.

On ne peut prétendre y être simplement « soi-même » car l’asymétrie de la situation impose de répondre à des attentes particulières.

Et, avouons-le, l’entretien d’embauche est aujourd’hui une situation très ambiguë en termes de codes vestimentaires.

Pour ne parler que des cadres professionnels où la cravate et le costume sont des pré-requis, être élégant sans risquer d’être trop bien habillé est un véritable défi sartorial.

En effet, parvenir à montrer sa maîtrise des codes vestimentaires tout en restant à sa place n’a rien d’aisé : autant dire qu’il faut imposer son assurance sans qu’elle verse dans l’arrogance…

Dans ce cadre, posons les contraintes pour sélectionner une cravate : costume bleu, chemise blanche (ou bleu ciel), pochette blanche (ou bleu ciel) pliée en carré.

La tristesse éventuelle de l’uni trouvera sa parade dans la texture. Une grenadine de soie conviendra forcément, la texture atténuant le brillant de la soie tout en montrant une forme de raffinement subtil.

Bref, vous êtes élégant, mais cela ne se voit pas. Ou plutôt, seule une personne avertie le remarquera (et s’avisera de votre subtilité). Autrement, cela passera pour une tenue neutre mais soignée et sans impair.

Ne pas oublier d’éviter : la cravate en polyester brillant, rose, turquoise, rouge ou bleu ciel.

Cela n’est pas beau du tout.

Harmonie de bleus

Étant donnée la sobriété de l’ensemble, la cravate peut ressortir légèrement si elle suit une règle : suggérer le sérieux et non la fantaisie.

Cela exclut évidemment les motifs de Mickey, de pin-ups, ou les couleurs trop marquées.

Une cravate bleue ? Certes. Mais on ne veut risquer ni la monotonie monochrome ni donner un effet de pompes funèbres…

Voici diverses solutions.

Une cravate à motif tartan mais très sombre afin d’en atténuer le dandysme 

Un mélange de lin et de laine avec un motif de chevrons : du tonus mais sans aucune excentricité…

Le sérieux institutionnel de la cravate club dans sa version sombre avec la texture si particulière du shantung

Un mélange de lin et de laine bleu afin de laisser la texture exprimer une originalité qui ne sera perceptible que du connaisseur

La soie tissée avec relief et motif Prince de Galles dans des tons sombres et sobres

La soie tissée à pois blancs discrets, terriblement business et parfaitement original par la complexité du motif

Le contraste gris

Avec un costume bleu, la cravate grise offre un contraste marqué tout en restant dans la gamme chromatique de la respectabilité le plus insoupçonnable !

Il suffit alors d’en décliner les audaces de texture et de motif de manière très mesurée.

Un motif Prince de Galles : sobre et travaillé en même temps, cela parlera à l’homme élégant et passera inaperçu du béotien

Une soie tissée à trois couleurs, pleine de relief mais avec un effet uni : une sorte d’esprit business pimpant

Une éminente mais sobre cravate en flanelle dans d'innombrables nuances de gris qui nous fascine comme chacun le sait depuis qu’un roman en a dénombré une cinquantaine

Les motifs carrés dont la géométrie peut passer pour le témoignage d’un tempérament ordonné jusqu’à l’obsession ! 

Le contraste à rayures

Le symbolisme institutionnel de la cravate dite « club » ou « regimental » a de longue date donné à la rayure une allure de sérieux malgré la variété de couleurs et d’épaisseur des rayures.

C’est ainsi qu’on peut se permettre des blockstripes qui, malgré leur présence massive, restent dans l’ordre du chic business.

Pourvu que le reste de l’ensemble soit uni, la cravate club s’imposera majestueusement, avec une élégance susceptible de vous faire ressortir presque par persistance rétinienne !

Dans les tons de gris et de marron, la sept-plis en soie tissée est un modèle de visuel vigoureux et totalement sobre.

Avec un raffinement intense se cachant dans la franche sobriété de couleurs reconnues comme compatibles avec la concentration professionnelle, la sept-plis bleue et marron fera également merveille

Bref, les contraintes professionnelles n’empêchent pas de se faire plaisir, avec une subtilité à la limite de l’imperceptible — ce qui constitue, finalement, une saine approche de l’élégance…

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